Prosper Hamuli Birali, Bâtisseur de Paix en Afrique et Expert en Organisation des Communautés, tente de répondre à cette question.
Créé en 2012 par d’anciens militaires congolais en rébellion, le M23 est accusé par l’ONU de massacres et d’être soutenu en armes et en hommes par le Rwanda. Officiellement, le mouvement se bat pour défendre les membres de l’ethnie tutsi, majoritaire au Rwanda, contre des persécutions supposées du gouvernement congolais.
Selon Hamuli, le contexte historique est complexe. Le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 a poussé des génocidaires Hutu à se réfugier dans l’Est de la RDC, poursuivis par leurs ennemis. Deux guerres ont ensuite éclaté dans la région, ponctuées de massacres à caractère ethnique. Les organisations de défense des droits de l’homme estiment à plus de six millions le nombre de victimes directes de ces affrontements qui durent depuis trente ans. Chaque camp accuse l’autre des pires atrocités : exécutions, viols, pillages, etc.
Face à l’insécurité persistante, la RDC a choisi de sous-traiter sa sécurité. L’armée nationale congolaise (FARDC) combat aux côtés des forces onusiennes de la MONUSCO, des contingents de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe), d’instructeurs militaires d’Europe de l’Est et de groupes hétéroclites de « patriotes résistants » appelés « WAZALENDO ». Le Rwanda qualifie ces derniers de génocidaires rwandais du FDLR (Front de Libération du Rwanda).
Le matériel militaire sophistiqué du M23 intrigue les analystes. Certains y voient le signe d’une guerre entre deux pays : la RDC, qui se défend avec ses partenaires, et le Rwanda, accusé d’instrumentaliser le M23 pour sécuriser les routes d’acheminement des minerais pillés en RDC et vendus aux multinationales qui financeraient la guerre. Malgré plusieurs rapports de l’ONU l’accusant, le Rwanda nie tout lien avec le M23.
- Angel Nsimire