Est-RDC : Le calvaire des populations assiégées à Goma, miroir de la misère des Congolais

Prises entre les feux des combats, les populations civiles de Goma paient le lourd tribut d’un conflit dont les enjeux les dépassent. Des organisations de défense des droits humains tirent la sonnette d’alarme et appellent la communauté internationale à agir promptement. Prosper Hamuli, activiste des droits humains, nous livre son analyse.

A chaque offensive, des blessés et des déplacés affluent vers Goma en quête de sécurité. Mais la ville, déjà difficilement approvisionnée, suffoque sous la pression de cet afflux massif. Des centaines de milliers de familles ploient sous le poids de la misère, le budget déjà maigre étant mis à rude épreuve par la disparition des activités économiques et l’augmentation des besoins.

Un bref rappel du contexte politique est crucial pour comprendre la situation actuelle. Les récentes élections générales ont été teintées de populisme. Goma a massivement voté pour le candidat Tshisekedi, qui promettait de s’attaquer au Rwanda. Déjà porté au pouvoir en 2018 dans des conditions controversées, il a été réélu après un processus électoral entaché d’irrégularités et marqué par la tribalisation.

Son investiture le 20 janvier 2024 le confronte aujourd’hui aux conséquences d’une dégradation profonde des valeurs morales et civiques dans le pays, à laquelle il a lui-même contribué en foulant aux pieds les règles démocratiques pour se maintenir au pouvoir.

Plus largement, ces élections ont illustré la confiscation du pouvoir par les élites politiques. Elles ont convaincu les masses populaires que le pouvoir est un gâteau à se partager, et non un service à rendre pour le bien-être de tous. La corruption gangrène la société congolaise. Pour inverser la tendance, le citoyen doit reprendre le pas sur l’individu.

L’État doit se transformer, passant d’un appareil privatisé par une poignée d’individus à un système de redistribution des richesses nationales pour financer les services publics. La faiblesse de l’État actuel permet aux élites de s’en approprier les ressources en toute impunité. Exploité comme instrument de prédation par ceux qui détiennent une parcelle d’autorité, il est devenu un obstacle au développement du pays.

Victimes des mensonges du pouvoir, les électeurs ont cette fois-ci fait des choix hasardeux et naïfs, accentués par la fraude électorale massive. La société congolaise se retrouve sans perspectives, sans futur, sans espoir, car ignorante des enjeux réels d’une participation électorale éclairée.

Le cas de Goma, soumis à l’état de siège pour faire face à la guerre, illustre parfaitement cette situation. Les autorités militaires ont instauré des taxes qui exaspèrent la population, au point que certains envisagent l’arrivée des rebelles comme une « libération ».

  • Ben Mugisho

Benjamin WATCHDOG

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