La question de la justice transitionnelle en République Démocratique du Congo (RDC) est au cœur des débats depuis plusieurs années. Face à l’ampleur des crimes commis, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer la création d’un mécanisme judiciaire spécial capable de juger les auteurs des pires atrocités. Parmi les options envisagées, le Professeur Luc Henkinbrant propose la création d’une Cour pénale spéciale apparaît comme une solution prometteuse.
Ce type de juridiction hybride, qui associe des juges nationaux et internationaux, a déjà fait ses preuves dans des pays comme la Sierra Leone et la République Centrafricaine. Ces tribunaux spéciaux ont démontré leur capacité à poursuivre les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, tout en contribuant à renforcer l’état de droit et à favoriser la réconciliation nationale.
Par rapport aux avantages d’une Cour pénale spéciale pour la RDC, Henkubrant évoque l’indépendance et impartialité. « La présence de juges internationaux garantit une plus grande indépendance et impartialité dans les procédures judiciaires, renforçant ainsi la crédibilité des jugements rendus », souhaite-t-il.
Pour lui, une telle cour faciliterait la coopération avec les États tiers et les organisations internationales, permettant ainsi de rassembler les preuves nécessaires pour poursuivre les auteurs de crimes transfrontaliers.
La Cour pénale spéciale pourrait se concentrer sur les crimes les plus graves, tels que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, tout en laissant aux juridictions nationales la compétence pour juger les autres infractions.
Si la création d’une Cour pénale spéciale présente de nombreux avantages, elle n’est pas sans limites. L’un des principaux défis réside dans son impact limité sur le renforcement à long terme des capacités du système judiciaire national. En effet, en se concentrant sur un nombre restreint de dossiers, elle risque de ne pas contribuer de manière significative à l’amélioration de l’état de droit dans le pays.
La Fondation Panzi propose une approche pragmatique en suggérant que la Cour pénale spéciale se concentre sur les auteurs les plus responsables des crimes les plus graves, tandis que des chambres spécialisées mixtes pourraient traiter les autres dossiers prioritaires. Cette approche permettrait de concilier les impératifs de justice et de réconciliation nationale.
La création d’une Cour pénale spéciale pour la RDC apparaît comme une option réaliste et efficace pour lutter contre l’impunité et promouvoir la justice transitionnelle. Ce type de juridiction, s’il est bien conçu et soutenu par la communauté internationale, peut contribuer à mettre fin à l’cycle de la violence et à ouvrir la voie à un avenir plus juste et plus stable pour la RDC.
- Eco-Kilo