Un quart de siècle s’est écoulé depuis les atrocités commises à Mwenga, où des milliers de femmes ont été victimes de violences sexuelles et de massacres. À l’occasion de cette douloureuse commémoration, le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, a levé la voix pour dénoncer l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces crimes.
En 1998, des rebelles soutenus par le Rwanda ont perpétré des atrocités indicibles à l’encontre de la population civile de Mwenga. Des femmes ont été enlevées, torturées, violées en public devant leurs familles et, dans certains cas, enterrées vivantes. Ces actes de barbarie, documentés dans le rapport Mapping de l’ONU, constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Un devoir de mémoire et de justice : « Nos pensées vont aux familles des victimes qui souffrent encore aujourd’hui », a déclaré le Dr Mukwege. « Il est impératif de ne pas oublier ces crimes et de tout mettre en œuvre pour que justice soit faite. »
Le gynécologue congolais, qui a consacré sa vie à soigner les femmes victimes de violences sexuelles, a également appelé à l’implication de la communauté internationale. Il a notamment demandé aux autorités congolaises d’inviter la Commission internationale pour les personnes disparues (ICMP) à apporter son expertise dans la recherche et l’identification des victimes.
« L’exhumation des corps et la restitution aux familles sont des étapes essentielles pour permettre le deuil et la réconciliation », a-t-il souligné. « Il est également urgent de rassembler et de préserver les preuves pour poursuivre en justice les responsables de ces crimes. »
Pour le Dr Mukwege, la lutte contre l’impunité est une condition sine qua non pour parvenir à une paix durable dans la région des Grands Lacs. « Tant que les auteurs de ces crimes ne seront pas traduits en justice, la menace d’une nouvelle violence planera toujours sur la région », a-t-il averti.
- Eco-Kilo